Là où il y avait un seul État, la Yougoslavie, il y en aujourd'hui sept. Dont un est membre de l'Union européenne et de l'espace Schengen, la Slovénie, un en voie d'accession, la Croatie, les
cinq autres, (Bosnie, Serbie, Monténégro, Kosovo, et et ce qui s'appelle officiellement « Ancienne république yougoslave de Macédoine » devant le refus de la Grèce que cet État
souverain porte le nom de « Macédoine »), ayant sans doute vocation, mais plus tard, à rejoindre l'UE.
L'Union européenne négocie avec chacun des cinq États la suppression des visas Schengen court séjour et quelques autres facilités, contre leur participation à la politique européenne de contrôle
des frontières, à la fois contre les exilés traversant les Balkans vers l'Europe centrale, mais aussi contre leurs propres populations, et en premier lieu leurs populations rromes. Ces États
doivent ainsi dissuader leurs ressortissants de venir demander l'asile dans l'Union européenne, et réadmettre ceux d'entre eux qui y seraient trouvés en situation irrégulière. Et des centres de
rétention fleurissent dans cette partie des Balkans, financés par l'UE.
Conséquence de la fermeture des frontières, une « jungle » est apparue à Subotica, en Serbie, près de la frontière hongroise, habitée par quelques 150 exilés.
La presse hongroise en fait mention, et l'extrême-droite réagit déjà.
http://www.origo.hu/nagyvilag/20110914-szerbia-arab-es-azsiai-menekultek-a-szabadka-melletti-erdoben-.html
http://videotar.mtv.hu/Videok/2011/09/15/19/Menekultaradat_Szabadkan__rettegnek_a_lakok.aspx
Voici la traduction d'un résumé en anglais du premier article :
« Cimetière municipal de Subotica.
Des Libyens, Tunisiens, Algériens, Indiens, Pakistanais, Afghans – dans le cimetière derrière dans les bois. D'après un Libyen ils sont plusieurs centaines, mais un fossoyeur serbe dit qu'il sait
par la police locale qu'ils sont plus de 1000. Subotica est près de la frontière hongroise – les migrants viennent par l'Iran, la Turquie et la Macédoine, ou à travers la Méditerranée puis
l'Albanie par bus ou par train, ou avec des passeurs. Ils veulent tous aller en Hongrie. Beaucoup sont venus à cause des révolutions en Afrique du Nord ou des inondations au Pakistan.
« J'ai essayé trois fois d'entrer en Hongrie, mais les garde-frontières hongrois m'ont trouvé » dit un Libyen. « Hongrie, gros problème ». Les gardes prennent des groupes de
migrants tous les jours et les renvoient en Serbie. « Ce n'est pas la peine de demander l'asile, pas la peine de dire qu'il y a la guerre dans notre pays ou que nous y sommes persécutés et
que nous n'avons pas de travail – ça ne les intéresse pas » se plaignent les migrants.
La forêt est en train de devenir un camp de réfugiés nomades qui n'arrête pas de grossir, et il est connu par les passeurs comme une étape. « J'ai été amené ici par un passeur parce que je
n'avais plus d'argent » dit un Pakistanais désappointé. Ils disent que le camp est maintenant connu dans le monde entier, ici tout le monde peut se réfugier en sécurité avant d'essayer
d'entrer dans l'Union européenne.
Jusqu'à présent ils n'ont pas créé de plus gros problèmes aux habitants. Le fossoyeur dit qu'ils ne posent pas de problème, personne ne les a dérangé non plus jusqu'à présent, et ils nettoient
après leur passage. Le seul problème est qu'ils consomment des centaines de litres d'eau qu'ils ne payent pas. Ils prennent aussi des fruits et des légumes dans les fermes et les jardins
alentour.
D'après le fossoyeur, la police a fait une décente pour la première fois ce mardi. Ensuite, les gens sont revenus. « S'ils attrapent cinquante personnes, il y en aura cent à leur
place », dit-il. Il est désolé pour eux, et ne sait pas ce qu'ils vont faire quand il va faire froid, et ils n'ont pas d'argent.
Deux policiers sont venus une demie-heure plus tard et ont essayé d'écrire une liste de noms, mais pas vraiment sérieusement. « Ils s'échappent en Hongrie, et alors ils sont renvoyés ici.
Nous les déportons en Macédoine, et ils reviennent. » dit un policier. « Où est la Croix-rouge ? »
Les policiers voient seulement un groupe de migrants, alors que la forêt en est pleine. Tout ça a l'air d'un camp de sans-logis dans les bois.
Les gens mangent ensemble. Un Indien dit que son père est un homme politique persécuté, que son frère a été tué et qu'il s'est échappé. Il essaye de sauver sa vie en Europe. L'an dernier il a
essayé d'obtenir un visa d'étudiant pour la Hongrie, mais n'a pas réussi. Un Pakistanais parle de tous les désastres dans son pays et des attaques de drones durant lesquelles de nombreux réfugiés
ont perdu des membres de leur famille. Un homme de l'est de l'Afghanistan : les Talibans ont essayé de le recruter, mais il s'est échappé. Mais la plupart des gens sont venus à cause de la
pauvreté et du chômage. Les personnes venant d'Asie ont l'air de ne pas savoir quoi faire, parce que ce n'est pas ce qu'ils espéraient quand ils sont partis pour l'Europe. Ils veulent aller
jusqu'en Autriche, mais n'ont pas assez d'argent pour payer les passeurs, qui demandent 1000 € à 3000 € pour les emmener là-bas. Ils sont très mécontents de ne recevoir aucune aide pour accéder à
de meilleures conditions.
Il y a l'air d'y avoir des conflits entre les Arabes et les personnes venant d'Asie. Tous les Libyens ont quitté Tripoli il y a six mois, et tous sont partisans de Kadhafi. »