Exilés dans les Balkans

Le Conseil de l'Union européenne vient d'examiner les progrès de la Grèce dans la mise en œuvre du Plan national de réforme de l'asile et de gestion des migrations. Sont prévus d'ici à fin 2014 le renforcement de la surveillance de la frontière terrestre avec la Turquie, avec notamment la mise en place de caméras thermiques, et la constructions de 4 centres de pré-expulsions dans les îles et dans la région de l'Evros. Ils s'ajouteront aux cinq centres existants, et doubleront la capacité totale pour arriver à 10 000 places.

La Hongrie vient d'amender sa législation sur l'asile en élargissant les possibilité de détention des demandeurs d'asile pour une durée de six mois, y compris les familles avec enfants, anticipant la réforme de la législation européenne sur l'asile et la poussant à ses limites. Cette nouvelle législation prendra effet le 1er juillet.

Pour concrétiser cette orientation, un nouveau centre de rétention est en construction aux environs de Szeged, près de la frontière Serbe.

La Hongrie s'équipe pour prendre le relais de la Grèce comme porte d'entrée dans l'Union européenne.

Les mesures prises par la Grèce aidée par l'agence européenne Frontex pour rendre plus difficile le franchissement de la frontière terrestre avec la Turquie fait sentir ses effets dans les iles : après Lesbos, ce sont d'autres iles proches de la côte turque qui voient de nouveau arriver les boats people.

On voit réapparaitre les pratiques illégales, comme repousser les bateaux dans les eaux territoriales turques.

Parmi les premières victimes de cette politique, les réfugiés syriens empêchés d'entrer dans l'Union européenne, alors que celle-ci annonce qu'elle arrête son financement aux camps de réfugiés qui les accueillent en Turquie. Étrange politique du pire, où on empêche les gens de rester tout en les empêchant de partir.

Mais si les entrées en Grèce diminuent, c'est moins dû à la surveillance des frontières qu'à la crise qui transforme le pays en une vaste prison pour les étrangers.

Annoncée, puis retirée, il semblerait que le vote d'une loi aggravant la répression des propos et des actes racistes soit confirmé en Grèce.

Dans le même temps, à Thessalonique, une enseignante est accusée de propagande islamique pour avoir fait étudier à ses élèves le texte d'une chanson, Kemal, de Níkos Gátsos et Mános Hadjidákis. Un parent d'élève est venu se plaindre à la directrice, qui a expliqué à l'enseignante que « notre seul souci doit être d’enseigner aux enfants l’amour de la patrie et de développer leurs convictions nationales ». Une manifestation supplémentaire de la mainmise idéologique que l'extrême-droite tente de prendre dans les école.

On peut écouter la chanson sur :

http://www.youtube.com/watch?v=T-f-vQX942I

Et voici les paroles traduites en français :

Kemal

Écoutez maintenant l'histoire de Kemal
un jeune prince d'Anatolie
descendant de Sinbad le marin
qui croyait pouvoir changer le monde.
Mais les projets d'Allah sont amers
et obscur l'esprit des hommes.

Dans une contrée d'Orient, il était une fois
il était une bourse vide, une eau stagnante
à Mossoul, à Bassorah, dans l'ancienne palmeraie
Les enfants du désert pleuraient amèrement.

Ainsi, un jeune homme de sang royal
s'avança vers les lamentations qu'il entendait.
Les bédouins le regardèrent avec des yeux tristes
au nom d'Allah il leur promit
que les temps changeraient.

Quand les chefs entendirent
l'audace du jeune homme
ils marchèrent avec des dents de loup
et une peau du lion.
Du Tigre à l'Euphrate,
puis de la terre au ciel
ils pourchassèrent le renégat,
pour le capturer vivant.

Les hordes tombent sur lui,
comme des chiens enragés
et l'emmènent au calife,
pour lui mettre la corde au cou.
Ce matin-là il but miel noir, lait noir
avant d'être abandonné à la potence,
à son dernier souffle.

Avec deux vieux chameaux
à la toison rousse
vers les portes du paradis
où le prophète l'attend.
Ils vont maintenant main dans la main,
dans un ciel nuageux
mais l'étoile de Damas
leur tenait compagnie.

Au bout d'un mois, d'une année,
ils voient devant eux Allah
qui depuis son trône élevé
dit à l'écervelé Sinbad:
« mes chers vaincus, les temps ne changent pas
le monde s'entête avec le feu et le glaive »

Bonne nuit Kemal,
ce monde ne changera jamais.
Bonne nuit ...

La Ligue Algérienne de Défense des Droits de l'Homme s'insurge des conditions de détention de quarante Algériens au centre de rétention de Busmantsi, près de Sofia. Ils y seraient depuis cinq mois. Le consulat d'Algérie ne se soucie pas de leur sort et leur expulsion vers l'Algérie est donc impossible, tandis que les autorités bulgare n'envisagent pas de les libérer.