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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 00:06

Mes collègues passent par Athènes sur le chemin de Patras. Nous nous rencontrons donc et faisons le point sur ce que nous avons vu les uns et les autres. Voici quelques mots sur leur périple en Thrace et près de la frontière gréco-turque.

 

A Orestiada, ville proche du principal point de passage des exilés et siège de la mission de Frontex sur cette frontière (Frontex étant l'agence européenne de contrôle des frontières), très forte présence militaire et policière. Ils sont accueillis par un groupe étudiant qui essaye de porter le débat sur les questions d'immigration et de fermeture des frontières, et a organisé récemment un festival de musique autour de ce thème.

 

Nea Vyssa est le premier village où arrivent les exilés lorsqu'ils franchissent la frontière là où une bande de terre turque est située sur la rive ouest du fleuve Evros, c'est-à-dire là où on peut passer à pied sec (sur tout le reste de la frontière, c'est le fleuve qui sépare les deux pays, et sa traversée est assez dangereuse, des exilés s'y noient chaque année). Une grande partie des habitants de Nea Vyssa est allée travailler en Allemagne dans les années 50 et 60, mais personne là-bas ne semble faire le rapprochement entre leur expérience migratoire et celle des personnes qui chaque jour franchissent cette frontière.

 

A quelque 80 km de là, au milieu de nulle part, se trouve un camp de rétention. Ils ont pu communiquer avec les détenus à travers les grilles et voir un peu les conditions de l'extérieur. Les exilés sont une centaine par pièce, et dorment sur des lits ou par terre. Il y a un seul repas par jour, pas d'eau chaude et de très mauvaises conditions d'hygiène. Plusieurs détenus rapportent des vols d'argent et d'affaires personnelles par les policiers du centre. Une fois libérés, les exilés doivent payer 65 euros pour être emmenés en car à Athènes, et s'ils n'ont pas d'argent ils sont laissés en pleine campagne. Ils ressortent leurs empreintes digitales ayant été prises, et avec un document qui leur laisse un mois pour quitter le territoire – document qui paradoxalement donne une base légale à leur séjour pendant un mois, leur permet d'emprunter les transports en commun sans risque, et donc de gagner Athènes.

 

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Published by exilesengrece